QUELQUES CONSEILS AUX CANDIDATS

Vous trouverez ici une fiche méthodologique plus détaillée, dont l’essentiel est repris ci-dessous.

Conviction, Conviction, Conviction : ce sont sans doute là les trois mots d’ordre de la conférence du stage des avocats aux Conseils !

Les discours sont des réponses à des questions qui ont été récemment posées à une Haute juridiction française ou européenne, sous forme de plaidoirie.

Le demandeur, qui prend la parole en premier, doit répondre par l’affirmative à la question posée.

Le défendeur qui prend ensuite la parole doit répondre par la négative à cette même question.

Enfin, le ministère public est libre du sens de ses conclusions, sachant qu’il doit mettre en balance les thèses opposées et qu’il est en principe préférable qu’il ne prenne parti qu’à la fin de son discours. Ce discours est à la fois une synthèse des deux positions déjà exposées, tout en étant l’expression d’une thèse personnelle. 

L’essentiel pour le candidat, quelle que soit sa position, est donc de convaincre son auditoire sur la réponse à apporter à une question juridique qui a le plus souvent d’importantes implications économiques, sociales, politiques ou éthiques.

Les discours doivent impérativement durer 15 minutes. Au-delà de cette durée, le candidat s’expose à être interrompu sans avoir pu achever son discours. Cette règle s’explique par un évident souci d’égalité entre les candidats. En outre, la brièveté de cette durée incite à sélectionner quelques idées fortes et à aller à l’essentiel, sans résumer à l’excès.

Les candidats prononcent leur discours en robe.

Dès lors qu’ils « refont » le procès, ils ne doivent pas se servir d’arguments juridiques (lois ou jurisprudences) qui seraient postérieurs à la date à laquelle l’arrêt qui a donné lieu au sujet a été rendu.

C’est dire que l’exercice suppose, pour le candidat, de se mettre dans la peau d’un avocat chargé de démontrer au jury, composé du président de l’ordre des avocats aux Conseils et des quatre secrétaires élus, que sa thèse mérite d’être consacrée.

Les qualités d’un bon discours sont donc d’abord celles d’une bonne plaidoirie : maîtrise juridique ; maîtrise des faits ; clarté du raisonnement ; aptitude à la démonstration juridique ; capacité à anticiper les arguments de l’adversaire (prolepse) et plus généralement maîtrise des techniques de rhétorique.

La conférence du stage est un concours d’éloquence, un exercice strictement oral qui suppose nécessairement une appréciation subjective de la part de l’auditoire. Certes, les discours reflètent des qualités objectives de raisonnement.  Mais ils mettent en valeur aussi, et peut-être surtout, les qualités oratoires et la personnalité des candidats.

Pour cette raison, il n’est pas possible de donner une méthodologie stricte de ce que doit être un discours de futur secrétaire.

Mais des conseils sur le fond et sur la forme peuvent être donnés, parce qu’il est apparu, au fil des années, qu’ils ont fait leurs preuves.

La lecture de discours d’anciens secrétaires, dont certains sont mis en ligne sur le présent site, en atteste et est, à cet égard, vivement recommandée.

Sur le fond

Sur le fond, il ne peut être que conseillé de lire les décisions de justice qui ont donné lieu à la formulation de la question, ainsi que les éventuels commentaires de doctrine publiés relativement à ces décisions. Des recherches sur la jurisprudence antérieure ou en droit comparé sont généralement utiles. Une excellente maîtrise des données de l’espèce et du domaine juridique est indispensable, même si le discours ne doit pas être un étalage de ces connaissances. Les discours ne sont pas un cours de droit ou un article de doctrine.

Ces connaissances, indispensables à la rédaction d’un discours solidement argumenté, ne sont que les moyens pour parvenir à une fin : convaincre. A cet égard, il est recommandé de prendre de la hauteur par rapport à la question juridique posée ; d’inscrire cette question dans un cadre plus général qui peut être économique, sociologique, philosophique… Il est possible de faire état de considérations d’opportunité, de politique jurisprudentielle, de bonne administration de la justice.

Des références extra juridiques (littéraires, historiques et plus généralement artistiques) sont souvent appréciées, notamment en exorde et en conclusion du discours. À condition d’être pertinentes et non rattachées artificiellement au sujet, elles aident à convaincre et à donner des temps de « respiration » à l’auditoire tout en permettant au candidat de faire preuve de finesse d’esprit. Ces références seront d’autant plus appréciées qu’elles seront recherchées.

Sur la forme

Sur la forme, il est indispensable d’écrire son discours à l’avance, et de le répéter plusieurs fois, pour pouvoir préalablement s’assurer de ce que les 15 minutes impératives ne seront pas dépassées. Le discours, est écrit, mais dans un style oral (sans être familier) : mieux vaut éviter les formules trop complexes, les phrases trop longues et se souvenir avec Nicolas Boileau que « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement […] et [que] les mots pour le dire arrivent aisément ».

La structure du discours, au service de sa clarté, est, en général, la suivante :

– Une introduction, qui commence le plus souvent par un exorde, à la suite duquel sont présentés succinctement les faits et la procédure de l’affaire. Par la suite, le candidat reprend textuellement la question posée qui forme le sujet traité, et donc la problématique du discours, et indique, sauf s’il occupe la position de ministère public, la réponse qu’il va y apporter. Enfin, l’introduction se termine par l’annonce d’un plan, avec des titres clairs, de manière à ce que l’auditoire puisse déjà, à ce stade, comprendre le fil de la démonstration.

– Le plan proprement dit est le plus souvent, composé de deux ou de trois parties, comportant des intitulés. Chacune de ces parties peut être subdivisée en sous parties, mais sans obligation en ce sens, composé de deux parties et de deux sous-parties. Au sein de chacune des parties, le propos peut, par exemple, être articulé en différents points, ou en plusieurs temps de raisonnement ; l’essentiel est que le propos soit structuré, de manière à ce que l’auditoire puisse facilement suivre le candidat dans sa démonstration. Si le candidat fait le choix d’un plan très charpenté, il lui est vivement conseillé de ne pas marteler ce dernier de manière scolaire, mais de l’intégrer au propos avec élégance.

– Enfin, le discours se termine par une conclusion qui doit être brève, et destinée à apporter une réponse claire à la question posée : oui ou non. Parce que le demandeur, qui répond oui à la question posée, est le demandeur à la cassation, il est d’usage de l’entendre terminer son discours par les mots : « vous casserez », le défendeur terminant quant à lui son discours par les mots : « vous rejetterez ». Le ministère public enfin termine son discours par, au choix, la formule : « je conclus donc à la cassation » ou « je conclus donc au rejet ». Les termes de la conclusion devront, le cas échéant, être adaptés à la procédure en cause (procédure administrative, question prioritaire de constitutionnalité, recours devant la Cour européenne des droits de l’homme, etc.).

Parrainage

Il est proposé aux candidats, lors de leur inscription, de bénéficier du parrainage d’un ancien secrétaire de la Conférence. Ils peuvent également formuler ce souhait à l’occasion du deuxième ou du troisième tour.

Bonne chance à tous, et n’oubliez pas le triptyque cicéronien : « Être éloquent, c’est instruire, plaire et émouvoir ».